Reflets Hypnotiques 4 – Stella de Belligny

Critique de la toile Reflets Hypnotiques 4 de Stella de Belligny

Une esthétique entre minimalisme et matière:  Le tableau mesurant 148 x 116 cm, explore un dialogue subtil entre matière et lumière, chaos et équilibre. Par une technique mixte alliant acrylique, pigments et encres, l’artiste propose une vision où l’abstraction flirte avec le paysage, invitant le spectateur à une contemplation profonde et introspective. Dès le premier regard, la toile capte par son horizon structurant, cette ligne noire texturée qui fracture l’espace pictural en deux entités distinctes : un ciel azuréen,  éthéré et diffus, contrastant avec une bande de terre marquée par un travail de matière brut et organique. La texture craquelée, presque minérale, suggère une terre en mutation, un rivage fracturé par le temps et les éléments. Le reflet en partie inférieure prolonge cette tension entre fixité et mouvement, entre solidité et fluidité.

Le chaos structuré : influences et résonances : L’influence de Pierre Soulages se fait sentir dans le rapport à la matière et aux jeux de lumière, bien que Stella de Belligny s’en éloigne en introduisant une palette chromatique plus vaste. Là où Soulages fait de l’obscurité un matériau réfléchissant, elle introduit une vibration chromatique plus ouverte, jouant avec la dilution des pigments et les transparences.  Son approche semble s’inscrire dans une recherche sur le rythme et les forces naturelles, un travail qui résonne avec les théories du chaos qu’elle revendique. Il y a une tension entre le hasard et le contrôle : la matière se déploie dans une spontanéité qui semble d’abord anarchique, puis se structure progressivement dans une composition équilibrée. Cette dynamique rappelle l’esthétique du wabi-sabi, où l’imperfection et le passage du temps deviennent des éléments intrinsèques de la beauté.

Une immersion sensorielle : reflets et perceptions : Le titre Reflets Hypnotiques 4 prend ici tout son sens. L’œil du spectateur oscille entre réalité et illusion, porté par ces jeux de reflets qui déconstruisent l’espace. L’impression aqueuse, amplifiée par les transparences et la fusion des couleurs, invite à une immersion sensorielle. La résonance entre ciel et sol crée une boucle visuelle, un écho entre les éléments, renforçant cette sensation d’infini et de flottement. L’artiste met en place une expérience de contemplation active : chaque regard posé sur la toile redécouvre une nouvelle variation de textures, un nouveau cheminement de lumière. Le choix d’un encadrement en bois noir vient souligner cette profondeur, recentrant le regard sur l’essentiel.

Un art de la transformation : Stella de Belligny inscrit son travail dans une réflexion environnementale et existentielle. L’érosion, la transformation, l’influence du temps et des éléments sont omniprésents dans cette œuvre, traduisant une vision du monde où tout est en perpétuel mouvement. Cette notion de changement constant s’intègre aussi à sa pratique artistique, où elle explore sans cesse de nouvelles techniques et lumières.

Ce tableau est une invitation à se laisser absorber, à accepter l’indéterminé et à s’immerger dans une perception fluctuante de la réalité. C’est une œuvre qui ne se donne pas immédiatement, mais qui exige un dialogue avec le regardeur, une patience pour en capter les nuances.