Vibration – Elée Ferré

Critique de « Vibration » d’Elée Ferré

Encre noire sur papier récupéré – 50 x 75 cm
Collection Horizons

Dans « Vibration », Elée Ferré déploie une onde graphique, une propagation silencieuse qui traverse l’espace du papier et l’imagination du spectateur. Ce dessin, fait de tracés denses et dansants, semble animé d’un souffle interne, d’un mouvement qui oscille entre flux organique et structure souterraine. L’artiste nous donne ici une interprétation visuelle de la vie elle-même, une onde qui se diffuse, une matière qui vibre et qui respire.

L’un des aspects les plus intrigants de cette œuvre est l’axe central, léger, presque imperceptible, qui divise et organise l’espace. Est-il un point d’équilibre ou un vestige d’un mouvement plus ancien ? Un simple pli du temps ou une faille qui traverse le paysage intérieur du dessin ? Cette incertitude confère à l’œuvre une dimension méditative et cinétique, où le regard oscille, hésite, s’attarde sur certaines zones avant de repartir ailleurs.

Le stylo, instrument de précision et de répétition, devient ici un outil de vibration. Les lignes ne sont jamais complètement figées : elles ondulent, se superposent, s’entrechoquent par endroits, donnant une sensation de pulsation graphique, comme une fréquence invisible qui s’imprime sur le papier. On pourrait y voir le frémissement d’une surface aquatique, les plis d’un tissu en mouvement, ou encore une cartographie imaginaire de flux d’énergie.

Le choix du papier récupéré inscrit encore une fois l’œuvre dans une démarche humble et réfléchie, où le support a son propre vécu. Il n’est pas neutre ; il accueille et transforme la trace de l’artiste, ajoutant à l’œuvre une profondeur supplémentaire.