Le milieu médical, la psychiatrie étudie et traite la maladie et la santé mentale. Les causes de désordres peuvent être d’ordre neurologique, psychique, et souvent en relation avec des problèmes sociaux.
Médecine et art peuvent être associés pour améliorer le bien-être des patients.
L’art thérapeutique en psychiatrie est un outil qui utilise dans son processus thérapeutique la pratique artistique comme aide au diagnostic et à la prise en charge des malades mentaux.
Allier art et médecine en psychiatrie est devenu de nos jours une pratique courante.
L’art-thérapie intervient comme une médiation entre la créativité des patients et l’équipe thérapeutique.
Au cours des siècles, les arts ont toujours côtoyé la folie.
Dans la Grèce antique, on pensait que l’étincelle créative était générée par « les muses » qui pouvaient à loisir faire naître ou annihiler l’intuition créative.
L’artiste, parce qu’il était différent de ses congénères, était autant craint que vénéré.
Les civilisations, jusqu’à nos jours, ont traité la folie de diverses manières.
Dans l’Antiquité, le fou était mis à l’écart de la société. Il avait différents droits civiques que ses contemporains.
À l’époque médiévale, les malades mentaux ont un statut juridique particulier et ne sont jamais condamnés, car ils sont reconnus irresponsables. Le christianisme a influencé la vision que l’on avait de la maladie mentale. À cette époque, on prône la miséricorde et la charité. Les arts ont accompagné cette vision avec notamment les œuvres de » Jérôme Bosh. Les malades les plus dangereux sont enfermés et les autres se mélangent à la société civile. La psychiatrie dans l’espace public est négative. La maladie mentale fait peur.
L’étymologie du mot psychiatrie provient du grec psyché, qui signifie âme ou esprit, et iatros, qui signifie médecin (littéralement « médecine de l’âme »).
Le terme a été popularisé par Johann Christian Reil (1759-1813 en 1808). Ce médecin allemand proche de Goethe définit le domaine de la psychiatrie, du diagnostic au traitement des troubles mentaux. Il y inclut aussi divers troubles cognitifs, comportementaux et affectifs.
Au XIXᵉ siècle, la conception de la folie change totalement. La psychiatrie, une nouvelle discipline, incorpore la maladie mentale dans le domaine médical. Elle commence par identifier, en créant une nouvelle sémantique, les troubles psychiques et les pathologies. On construit des asiles qui deviennent des lieux de curiosité pour la population.
Les aliénés sont l’objet d’expériences pseudoscientifiques avec des réussites contestables. Parmi ces pratiques, l’art associé à la thérapie devient un sujet d’étude. On se soucie alors assez peu de la santé des patients.
À partir des années 1950, l’art-thérapie apparaît comme un moyen de comprendre les maladies mentales, pour mieux les soigner.
Les arts plastiques, avec la peinture, le dessin et la sculpture, se pratiquent dans des cadres précis de parcours de soins. Le travail de création des malades est analysé. On décrypte les troubles psychiques par l’interprétation de ce qui est produit.
De véritables œuvres réalisées par des artistes aliénés voient le jour. De plus, elles ne sont pas reconnues comme une expression artistique, mais comme un symptôme apparent.
Du temps des asiles de fous, un dessin ou une peinture était analysé comme le résultat d’une aberration liée à la folie. Pourtant, avec l’évolution de l’art, beaucoup d’artistes parfaitement équilibrés de cette époque du début du XXᵉ siècle auraient pu être considérés comme dérangés ! C’est souvent le contexte qui fait l’analyse !
Ce sont les expositions de peintres ayant séjourné dans les premiers hôpitaux psychiatriques, dont l’hôpital Sainte-Anne dans le 14 ᵉ arrondissement à Paris, qui rompent avec les préjugés. Sainte-Anne commence à devenir un hôpital psychiatrique reconnu à partir de 1867. Auparavant, c’était un simple asile. Les premiers ateliers d’art-thérapie en 1950 opèrent un basculement, avec la prise en compte des créations en tant qu’œuvres d’art à part entière.
Le regard des soignants change. Les préoccupations thérapeutiques sont mieux identifiées. On commence à former des groupes thérapeutiques interdisciplinaires, qui incluent des processus de psychothérapie. Des psychologues travaillent de concert avec les médecins. Chaque séance individuelle ou de groupe est analysée ensemble.
Les malades sont considérés comme des personnes à part entière avec des qualités artistiques qui leur servent à exprimer un mal-être. La formation d’art-thérapeutes inclut toujours cette vision.
Dans les conceptions scientifiques de la maladie mentale, les pensées sont refoulées dans l’inconscient. Elles réapparaissent dans les rêves et dans les hallucinations sous la forme d’images. Comme la partie émergée d’un iceberg, les conflits internes causant des troubles mentaux sont alors libérés. Cela provoque de la souffrance qui n’est pas verbalisable, mais peut se matérialiser dans un langage graphique et esthétique.
L’art devient le seul moyen de communication dans de tels cas. Pour les médecins, ces expressions graphiques deviennent symboliques et elles permettent potentiellement de poser un diagnostic.
Dans le cadre de son atelier, l’art-thérapeute accompagne l’effort artistique du patient pour l’aider à s’échapper de son environnement habituel. Il devient un passeur d’émotion avec trois effets positifs :
Dans le corps médical, le regard sur l’utilisation des arts comme processus d’accompagnement thérapeutique évolue. L’expérience de la création modifie la relation entre le patient et le thérapeute. L’art devient un allié au service d’une équipe de professionnels spécialisés en psychiatrie. Il ouvre un espace de collaboration médical et artistique. Le patient est vu comme une personne, qui dans certaines situations devient un artiste.
La formation en art-thérapie évolue. C’est une formation médicale qui tient compte des nouvelles avancées dans le domaine des neurosciences, tout en laissant un espace de créativité importante pour l’expression du patient. L’équilibre est délicat entre le monde de l’art et la pratique médicale.
« Créativité et art-thérapie en psychiatrie » — Pierre Moron, Jean-Luc Sudres, Guy Roux)
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