Critique de l’œuvre « Somewhere » de Jicé
L’artiste définit l’œuvre comme « Quelque part en ville ». Une nouvelle interprétation d’un environnement urbain, où le figuratif et l’abstraction se rencontrent pour créer une œuvre poétique. Fidèle à son esthétique, Jicé développe ici un moment précis, quelque part dans la ville. L’image est à la fois intemporelle et universelle. L’œuvre évoque les espaces anonymes des métropoles modernes, des lieux que nous connaissons tous et qui prend une forme poétique sous le regard singulier de l’artiste.
La composition est structurée et fragmentée. Elle nous montre des éléments urbains reconnaissables : des bâtiments, des routes, peut-être des ponts ou des pylônes, mais ceux-ci sont rendus dans un flou abstrait, comme si Jicé voulait exprimer l’âme d’une ville plus que sa réalité physique. Les formes géométriques sont irrégulières, presque désordonnées, soulignant l’aspect chaotique et impersonnel de la ville moderne. C’est une ville en mouvement, en transformation, où les formes se mêlent à l’invisible, à la lumière, à l’atmosphère.
L’usage de la couleur dans Somewhere est subtil, mais signifiant. Jicé opte souvent pour des teintes neutres et des nuances métalliques qui rappellent l’acier, le béton et la rouille, symboles du monde industriel. Il introduit des touches de couleurs plus vives, des éclats de lumière qui viennent perturber la rigidité de l’environnement. Ces éclats de couleur apportent une chaleur inattendue et une profondeur émotionnelle. La scène suggère une présence humaine cachée dans cet environnement apparemment inhospitalier. La lumière est à la fois reflétée et absorbée, jouant un rôle clé dans la perception de de l’image.
Jicé utilise une combinaison de techniques qui donnent à l’œuvre une surface riche, presque tactile, où les couches de peinture se superposent pour évoquer à la fois la solidité des bâtiments et l’usure du temps. Les traces de pinceau et les zones de peinture plus épaisses donnent une impression de matérialité. Ils soulignent les façades décrépites des vieilles structures industrielles ainsi que les surfaces des trottoirs. L’artiste parvient à rendre palpable la densité de l’environnement urbain, tout en maintenant un certain degré d’abstraction qui laisse place à l’imagination du spectateur.
Somewhere capte parfaitement l’essence de la ville moderne, cet espace à la fois familier et possiblement aliénant, où l’humain se perd dans l’immensité des structures qu’il a lui-même créées. Jicé utilise ici sa maîtrise de la perspective, souvent plongeante, pour accentuer cette sensation d’écrasement, où l’individu est minuscule face à l’immensité de la ville. En dépit de l’absence de figures humaines explicites, on ressent la présence implicite de la vie urbaine, des histoires qui se déroulent quelque part dans les interstices de cette ville abstraite.
