Bassin Versant Marais Nord Loire – Elée Ferré

Critique de « Bassin Versant Marais Nord Loire » d’Elée Ferré

Encre bleue sur papier pour impression photographique – superposition de découpage en papier fin blanc
Collection Eau, rencontres renversantes

Avec « Bassin Versant » Marais Nord Loire », Elée Ferré s’empare d’un terme technique – le bassin versant – pour en extraire une vision poétique et graphique. Loin d’une cartographie conventionnelle, l’artiste explore l’essence même des écoulements, des trajectoires de l’eau et des implications de ce phénomène naturel sur le territoire.

La construction de l’œuvre repose sur une superposition de tracés et de découpes, un procédé qui évoque les strates géologiques et les flux aquatiques. L’encre bleue appliquée au stylo vient souligner la fluidité et la complexité des circuits de l’eau, tandis que les découpes en papier fin blanc créent une impression de relief et de profondeur. Cette approche technique est particulièrement évocatrice, car elle rappelle que l’eau façonne le paysage en sculptant ses propres chemins.

Visuellement, les lignes s’organisent en un réseau de ramifications, suggérant les cours d’eau, les affluents, mais aussi les zones humides et les échanges invisibles entre terre et eau. L’utilisation du papier pour impression photographique donne à l’œuvre une texture particulière, qui contraste avec la délicatesse du papier découpé. Ce jeu de matière accentue l’idée de superposition des couches de sol et de sédiments, comme si l’artiste tentait de rendre visibles les circulations souterraines et les dynamiques cachées du territoire.

Mais « Bassin Versant Marais Nord Loire » ne se contente pas d’être une transcription esthétique : il s’inscrit aussi dans une réflexion environnementale. L’eau n’est pas ici un simple motif graphique, elle est une entité vivante, un système en interaction constante avec son milieu. À travers cette œuvre, Elée Ferré nous rappelle que les bassins versants sont bien plus que des éléments géographiques : ce sont des espaces à comprendre, à préserver, à respecter.

Enfin, l’effet de fragmentation et de superposition de l’œuvre renforce l’idée que rien n’est figé, tout est en mouvement. L’eau, en circulant, transforme le paysage, l’adapte et l’influence. Le regard du spectateur est invité à suivre ces méandres, à chercher les points de rencontre, à s’interroger sur la manière dont ces flux structurent nos territoires et nos vies.