Un dimanche tranquille – Jicé

Critique de l’œuvre « Un dimanche tranquille » de Jicé

Dans ce tableau, Jicé propose une scène urbaine réalisée avec une grande maîtrise technique et un regard poétique. Le choix de la vue en plongée, signature récurrente de l’artiste, permet au spectateur d’adopter une perspective aérienne qui accentue l’impression de flânerie tranquille dans une ville anonyme. Ce point de vue privilégié met en exergue le contraste entre les lignes géométriques du passage piéton et la fluidité des personnages qui traversent la composition.

Le thème de l’esthétique urbaine et industrielle, si cher à Jicé, se trouve ici revisité à travers un cadre plus intime, où la matérialité brute des structures cède la place à la douceur de la présence humaine. Le sol, marqué par des zones usées, raconte les traces de la vie quotidienne dans la ville : le passage des piétons, des vélos et les signes du temps qui altèrent les marquages routiers. Les touches de peinture qui semblent partiellement effacées, notamment dans les inscriptions au sol, rappellent la manière dont Jicé capture l’usure du temps sur l’environnement urbain.

La palette de couleurs, dominée par des rouges vifs et des gris terreux, exprime une tension entre la chaleur humaine des personnages et la froideur de la ville. Le rouge du sol, presque agressif dans son intensité, devient un élément central de la composition, contrastant avec la tranquillité des cyclistes et du piéton. Ces personnages sont fondus dans l’espace urbain, leurs ombres se mêlant à la surface du sol.

Ce contraste fort entre l’individu et la ville souligne la démarche de Jicé dans la représentation de scènes urbaines et industrielles : il ne s’agit pas simplement de dépeindre des paysages de béton et d’acier, mais de révéler l’interaction subtile entre l’humain et ces structures. Les angles de vue choisis par Jicé permettent d’apprécier ces moments du quotidien sous un nouvel éclairage, où la poésie émerge des scènes les plus ordinaires.