A pied joint – Françoise Dugourd-Caput

Critique de l’œuvre À pied joint de Françoise Dugourd-Caput

L’élan du corps et de l’âme dans une chute libre maîtrisée
Dans ce tableau, Françoise Dugourd-Caput capte l’instant fulgurant où l’on quitte le sol, sans retour, pour plonger vers l’inconnu. La toile devient un vortex d’énergie, un espace vertical où se cristallise le moment du saut, non comme une perte de contrôle, mais comme un geste décidé, instinctif, presque animal. L’image évoque un oiseau en piqué, un corps en apesanteur, ou une pensée qui fend la matière.

Une peinture du mouvement pur
Réalisée à l’huile au couteau, l’œuvre impressionne par sa dynamique ascendante et descendante mêlée, ses lignes de force fusant à travers la composition comme autant de vecteurs d’intensité. Les gestes de l’artiste se ressentent dans chaque traînée colorée, chaque strie découpée dans la pâte picturale. Le fond bleu profond océanique, accueille les jaillissements rouges, jaunes et blancs comme les traces d’un passage ou d’une propulsion.

L’univers du surgissement
Trois sphères translucides flottent dans la scène comme des repères suspendus dans un espace-temps incertain. Elles pourraient être des bulles d’air, des pensées en formation, des cœurs projetés dans la matière. À leur origine, un éclat rouge vif, brûlant comme un foyer de tension, propulse cette entité vers un ailleurs invisible. L’ensemble évoque un mythe du passage, un rite intime de basculement et de confiance.

Une tension entre maîtrise et abandon
Ce qui frappe dans cette œuvre, c’est l’équilibre entre la puissance du geste et la précision des effets. La matière est dense, rugueuse, épaisse par endroits ; mais les transitions de lumière sont subtiles, presque liquides. L’artiste parvient à faire dialoguer les opposés : la chute et l’élévation, la chaleur et le froid, l’élan vital et le vide.