Aloïse Corbaz est une figure emblématique de l’Art Brut, ce courant défini par Jean Dubuffet qui valorise les créations hors des circuits académiques et institutionnels. L’œuvre d’Aloïse Corbaz, marquée par une richesse symbolique et une explosion de couleurs, révèle un univers onirique où se mêlent amour, royauté et imaginaire lyrique. À travers ses dessins et manuscrits, elle a su transcender son enfermement psychiatrique pour bâtir un monde artistique d’une puissance évocatrice exceptionnelle. Cet article explore la vie et l’œuvre d’Aloïse Corbaz, ainsi que son influence sur l’Art Brut.
Aloïse Corbaz naît en 1886 à Lausanne, en Suisse. Issue d’un milieu modeste, elle fait preuve très tôt d’une imagination débordante et d’un intérêt pour l’art et la littérature. Passionnée par la musique et la poésie, elle s’inspire notamment des romans d’amour et de la grandeur des cours royales européennes. Sa fascination pour les figures historiques, en particulier Napoléon et ses descendants, marquera profondément son œuvre future.
Dans sa jeunesse, elle travaille comme gouvernante à la cour impériale allemande à Potsdam. Elle y développe une admiration fervente pour le Kaiser Guillaume II, qu’elle idéalise en une figure romantique et chevaleresque. Cependant, son comportement devient de plus en plus excentrique et obsessionnel. En 1918, elle est diagnostiquée schizophrène et internée à l’hôpital psychiatrique de Cery, en Suisse, où elle passera le reste de sa vie.
C’est durant son internement qu’Aloïse Corbaz commence à créer ses premières œuvres. Encouragée par ses soignants, elle se lance dans le dessin et l’écriture, développant un style unique, instinctif et vibrant. Jean Dubuffet découvre son travail dans les années 1940 et l’intègre à sa Collection de l’Art Brut, contribuant ainsi à sa reconnaissance posthume.
L’œuvre d’Aloïse Corbaz est marquée par une esthétique flamboyante et une iconographie foisonnante. Elle utilise souvent du papier de récupération et des crayons de couleur, créant des compositions denses où les figures s’enchevêtrent dans un tourbillon de motifs floraux et d’entrelacs complexes. Ses thèmes récurrents incluent :
Aloïse Corbaz utilise principalement des crayons de couleur et de l’aquarelle, donnant à ses œuvres une luminosité singulière. Ses compositions sont symétriques, créant une impression de mouvement et de vie. Elle joue sur la superposition des motifs, avec des silhouettes qui semblent émerger du décor dans une profusion d’ornements floraux et de détails minutieux.
En plus de ses dessins, Aloïse écrit des textes poétiques où elle exprime ses visions romantiques et mystiques. Son écriture est intégrée à ses œuvres graphiques, formant un tout indissociable qui mélange langage et image dans une même dynamique expressive.
Jean Dubuffet considère Aloïse Corbaz comme l’une des figures majeures de l’Art Brut. Il loue son imagination inépuisable et son indépendance vis-à-vis des influences culturelles et artistiques traditionnelles. Son œuvre échappe aux classifications habituelles et se distingue par une expressivité totale, où chaque trait parait répondre à une nécessité intérieure.
L’œuvre d’Aloïse Corbaz continue d’influencer des artistes contemporains et d’inspirer des chercheurs en psychiatrie et en art-thérapie. Son cas illustre la capacité de l’art à transcender la maladie mentale et à offrir un espace d’expression et de reconstruction identitaire.
Aloïse Corbaz incarne une forme d’expression artistique pure, libérée des conventions et nourrie par une imagination foisonnante. Son travail, intime et universel, résonne toujours par sa puissance évocatrice et sa poésie visuelle. Grâce à l’Art Brut, son génie a pu être reconnu bien au-delà des murs de l’asile, confirmant l’importance de l’art comme moyen de libération et d’affirmation de soi.
Retrouvez d’autres grands artistes de l’Art Brut :
Vous êtes artiste? Cliquez sur le bouton ci-dessous pour en savoir plus..
Pour rester informés de nos actualités et profiter de privilèges et réductions, abonnez-vous à notre newsletter. Et rassurez-vous, nous aussi, nous détestons les SPAMS!