Louis Anquetin et le cloisonnisme : Une exploration de son art

Louis Anquetin (1861-1932) est une figure emblématique du post-impressionnisme et du mouvement cloisonniste, un style qui a marqué la fin du XIXe siècle. Artiste talentueux et expérimentateur audacieux, Louis Anquetin a joué un rôle clé dans l’évolution de la peinture moderne. Son amitié et sa collaboration avec Émile Bernard ont été déterminantes dans l’émergence du cloisonnisme et du synthétisme, styles inspirés des estampes japonaises et du vitrail médiéval. Cet article explore la carrière d’Anquetin, sa relation avec Bernard et leur influence mutuelle dans le développement de cette approche novatrice de la peinture.

Peinture de Louis Anquetin représentant une femme rousse se coiffant devant un miroir, vêtue d'une jupe bleue et d'un chemisier blanc, dans un intérieur richement décoré.
Louis Anquetin, Femme à sa toilette, vers 1890. Huile sur toile. Une figure féminine rousse se coiffe devant un miroir, dans un intérieur aux motifs luxuriants, typique du mouvement cloisonniste.

La formation de Louis Anquetin

Né à Étrépagny en 1861, Louis Anquetin se destine d’abord à une carrière militaire avant de se tourner vers l’art. Il intègre l’atelier de Léon Bonnat, où il fait la connaissance d’Henri de Toulouse-Lautrec. Plus tard, il rejoint l’atelier de Fernand Cormon, où il rencontre d’autres artistes prometteurs tels que Vincent van Gogh et Émile Bernard. C’est dans cet environnement stimulant qu’Anquetin commence à expérimenter différentes approches picturales, influencé par l’impressionnisme et les recherches sur la couleur et la lumière.

Louis Anquetin et la naissance du cloisonnisme

Le cloisonnisme apparaît vers 1887 comme une réaction contre l’impressionnisme et son traitement diffus de la lumière. Inspiré des estampes japonaises, des vitraux et de l’art médiéval, ce style se caractérise par des aplats de couleurs cernés de lignes épaisses et sombres, qui rappellent les contours des vitraux gothiques.

Avec Émile Bernard, Anquetin est l’un des pionniers de cette approche, développant un langage visuel radicalement différent de l’impressionnisme. Ils souhaitaient simplifier la forme, de la structurer davantage et de lui donner une force expressive nouvelle. Parmi les premières œuvres cloisonnistes d’Anquetin, Femme à sa toilette illustre parfaitement cette esthétique avec ses couleurs vives et ses contours bien définis.

C’est conjointement que Bernard et Anquetin donnent naissance au cloisonnisme, un style qui repose sur des zones de couleurs plates entourées de contours sombres. Inspiré par les vitraux médiévaux et les estampes japonaises, le cloisonnisme simplifie les formes tout en amplifiant leur impact visuel.

La collaboration de Louis Anquetin avec Émile Bernard

Anquetin et Bernard entretiennent une relation d’émulation artistique qui les pousse à innover. Bernard, plus jeune qu’Anquetin, développe une approche théorique du cloisonnisme, qu’il applique dans ses œuvres et partage avec son ami. Anquetin, quant à lui, explore les effets de matière et de texture dans ses compositions, contribuant à enrichir ce style naissant.

Leur collaboration culmine lors des discussions qu’ils ont avec Paul Gauguin à Pont-Aven. Gauguin s’approprie rapidement le cloisonnisme et le fusionne avec ses propres recherches pour donner naissance au synthétisme. Si Bernard et Anquetin restent les initiateurs du mouvement, c’est Gauguin qui en devient la figure la plus emblématique.

L’évolution du style d’Anquetin

Malgré son rôle fondateur dans le cloisonnisme, Anquetin s’éloigne progressivement de ce style vers les années 1890. Fasciné par l’art des maîtres anciens, il s’oriente vers une peinture plus académique et classique, marquée par l’influence de Rubens et des grands maîtres de la Renaissance. Cette évolution le met en marge des avant-gardes, et son travail est progressivement éclipsé par les succès de ses contemporains, notamment Gauguin et Van Gogh.

Il continue néanmoins à peindre et à enseigner, produisant des œuvres qui témoignent d’une grande maîtrise technique, mais qui n’ont plus l’impact révolutionnaire de ses expérimentations cloisonnistes.

Une collaboration riche mais éphémère

Malgré leur collaboration initiale, Bernard et Anquetin suivent des trajectoires divergentes. Bernard s’éloigne progressivement de l’avant-garde pour explorer des styles plus classiques et religieux. Anquetin, quant à lui, s’intéresse à l’histoire de l’art et adopte une approche plus rétrospective, inspirée par les grands maîtres de la Renaissance.

Leur collaboration reste cependant un moment déterminant dans l’évolution de l’art moderne. Leur expérimentation commune a ouvert de nouvelles voies esthétiques et préparé le terrain pour des mouvements comme le fauvisme et le cubisme.

Œuvres emblématiques et héritage de Louis Anquetin

Anquetin, laisse une empreinte durable avec « Femme au parapluie », une scène urbaine où le cloisonnisme rencontre l’élégance parisienne.

Son influence ne se limite pas à ses contemporains. Ses innovations dans l’utilisation de la couleur, des formes et des lignes ont inspiré des artistes modernes tels que Henri Matisse, Pablo Picasso et les peintres expressionnistes.

"Peinture de Louis Anquetin, Femme au parapluie (1891), représentant une femme élégante vue de profil, tenant un parapluie rouge. Son chapeau fleuri et sa robe bleue contrastent avec l’arrière-plan urbain, dans un style cloisonniste distinctif."
"Découvrez Femme au parapluie de Louis Anquetin, une œuvre post-impressionniste emblématique de 1891. Cette peinture capture l’élégance féminine à travers une palette vibrante et un style cloisonniste affirmé, où les contours marqués et les aplats de couleur créent une atmosphère moderne et dynamique."

Louis Anquetin fut un expérimentateur audacieux dont l’apport au cloisonnisme, aux côtés d’Émile Bernard, a marqué un tournant dans la peinture moderne. Si son éloignement progressif des avant-gardes a conduit à une certaine marginalisation de son travail, son influence sur les courants picturaux postérieurs est indéniable. Redécouvrir Anquetin, c’est comprendre une étape clé de la transition entre l’impressionnisme et les avant-gardes du XXe siècle, et mesurer l’importance de ses innovations formelles et chromatiques dans l’évolution de l’art occidental.