Le Synthétisme et le Cloisonnisme : l’essence du Postimpressionnisme

Cet article explore le synthétisme et le cloisonnisme, deux mouvements majeurs du post impressionnisme qui ont redéfini les règles de la représentation picturale à la fin du XIXᵉme siècle.

Le synthétisme et le cloisonnisme trouvent leurs figures majeures en Paul Gauguin, Émile Bernard et Louis Anquetin, qui développent une approche radicalement nouvelle de la peinture à la fin des années 1880.

Paul Gauguin, chef de file du mouvement, cherche à dépasser l’impressionnisme en privilégiant des aplats de couleur cernés de contours marqués, influencé par l’art japonais et les vitraux médiévaux. Son style épuré et symbolique atteint son apogée lors de son séjour à Pont-Aven et plus tard à Tahiti, où il crée des compositions oniriques et vibrantes.

À ses côtés, Émile Bernard est l’un des théoriciens du cloisonnisme, prônant une simplification des formes et une expression directe des émotions à travers la couleur. Ses œuvres, comme Le Pardon de Pont-Aven, illustrent cette recherche d’une peinture débarrassée du superflu.

Enfin, Louis Anquetin, autre pionnier du mouvement, applique ces principes à des scènes urbaines et modernes, apportant une intensité chromatique et une force graphique inédites. Son influence sur Toulouse-Lautrec et les Nabis témoigne de l’importance du cloisonnisme dans l’évolution de l’art moderne.

Ces artistes, en réinventant la peinture par des formes cernées et des couleurs éclatantes, ouvrent la voie aux avant-gardes du XXe siècle, de l’Art nouveau au fauvisme.

Nous aborderons d’abord les origines et principes de ces styles, avant de plonger dans le rôle central de Paul Gauguin et des artistes comme Émile Bernard et Louis Anquetin. Nous analyserons également les œuvres emblématiques et l’influence de ces courants sur l’art moderne.

Origines et principes du synthétisme et du cloisonnisme

Le synthétisme et le cloisonnisme apparaissent dans les années 1880, en réaction aux limites perçues de l’impressionnisme. Alors que ce dernier se concentrait sur les effets fugitifs de la lumière, ces mouvements postimpressionnistes cherchent à aller au-delà de l’observation directe pour exprimer des idées, des émotions et une symbolique plus profonde.

Le synthétisme, terme popularisé par Paul Gauguin, défend l’idée que l’art doit synthétiser trois éléments : l’apparence extérieure, les émotions de l’artiste et des formes esthétiques purement décoratives. Il rejette le naturalisme et la perspective réaliste au profit de compositions stylisées.

Le cloisonnisme, souvent considéré comme une branche du synthétisme, met l’accent sur des zones de couleur plates, délimitées par des contours sombres rappelant les vitraux médiévaux ou les estampes japonaises. Cette technique apporte une dimension graphique et évocatrice aux œuvres.

Paul Gauguin : Pionnier et visionnaire du synthetisme

Paul Gauguin s’est inspiré de l’art primitif et des cultures exotiques pour créer des œuvres qui explorent des thèmes spirituels et symboliques. Ses voyages en Polynésie ont eu une influence majeure sur son travail, comme en témoigne son célèbre tableau « D’où Venons-Nous ? Que Sommes-Nous ? Où Allons-Nous ? ».

Paul Gauguin est l’une des figures centrales du synthétisme et du cloisonnisme. Après avoir quitté Paris et l’agitation de la vie moderne, il s’installe à Pont-Aven, en Bretagne, où il trouve l’inspiration dans les paysages rustiques et la culture locale. Son tableau emblématique « Vision après le sermon » (1888) incarne parfaitement le synthétisme : la scène biblique est stylisée avec des couleurs vives et des formes simplifiées, tandis que les contours marqués renforcent l’impact visuel.

Gauguin a également joué un rôle de mentor pour d’autres artistes, encourageant une approche plus symbolique et intuitive de la peinture. Son influence s’étend bien au-delà de Pont-Aven, notamment à travers son exploration des cultures non occidentales, qui ont enrichi son vocabulaire visuel.

Émile Bernard et Louis Anquetin : Les artisans du cloisonnisme

Émile Bernard, jeune peintre et théoricien, joue un rôle décisif dans la définition du cloisonnisme. Son tableau » Récolte du sarrasin « (1888) illustre parfaitement cette technique, avec des zones de couleur audacieusement simplifiées et entourées de lignes sombres. Bernard considérait que cette approche permettait de révéler l’essence spirituelle et symbolique d’une scène.

Louis Anquetin, un autre pionnier du cloisonnisme, développe une esthétique similaire, influencée par les vitraux et les affiches populaires. Ses œuvres, comme « Avenue de Clichy », combinent des couleurs vibrantes et une composition résolument moderne, annonçant les innovations du fauvisme et de l’art décoratif.

Les œuvres emblématiques du synthetisme et du cloisonnisme

De nombreuses œuvres clés illustrent le synthétisme et le cloisonnisme, chacune mettant en lumière des aspects différents de ces mouvements. « La Vision après le sermon » de Gauguin, avec son usage dramatique de la couleur rouge, transforme une scène quotidienne en une vision mystique. « Les Bretonnes au Pardon » de Bernard, quant à lui, capte la spiritualité et la vie communautaire de la Bretagne avec une composition harmonieuse et évocatrice.

Ces œuvres se démarquent par leur rejet du naturalisme au profit d’une réalité amplifiée, où les émotions et les idées prennent le pas sur l’apparence visuelle.

L’influence sur l’art moderne

Le synthétisme et le cloisonnisme ont exercé une influence profonde sur les mouvements artistiques du XXᵉme siècle. Leur insistance sur les formes simplifiées et la couleur audacieuse a inspiré le fauvisme, incarné par des artistes comme Henri Matisse. De même, leur approche graphique a influencé les styles décoratifs, notamment l’Art Nouveau.

Leur rejet du réalisme et leur exploration du symbolisme ont également préparé le terrain pour des courants comme le cubisme et l’expressionnisme, réaffirmant l’importance de l’intuition et de la subjectivité dans l’art.

Le synthétisme et le cloisonnisme représentent des étapes cruciales dans l’évolution de l’art moderne. En réinterprétant les codes de la peinture pour exprimer des idées et des émotions au-delà de l’observation directe, ces mouvements ont révolutionné la manière de concevoir l’art. Les artistes comme Paul Gauguin, Émile Bernard et Louis Anquetin ont posé les bases de nombreuses innovations artistiques, laissant un héritage qui continue d’inspirer et de captiver les spectateurs aujourd’hui.

Explorez les différents courants du post-impressionnisme :

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