Entrave – Françoise Dugourd-Caput

Critique de l’œuvre numérique « Entrave » de Françoise Dugourd-Caput – La lumière comme ligne de fuite

Dans son œuvre numérique Entrave, Françoise Dugourd-Caput donne forme à l’enfermement intérieur, sculptant une silhouette humaine cernée de tous côtés par un chaos incandescent. Cette pièce unique, réalisée sur Corel Painter à l’aide d’une tablette Wacom Intuos 5 et imprimée sur aluminium Dibond, conjugue intensité visuelle et densité symbolique. Elle met en scène une lutte silencieuse entre le repli et l’appel vers la lumière.

Un corps assis, mais tendu vers son destin

Le personnage central, silhouette noire ramassée sur elle-même, se détache d’un fond en fusion, dans une posture ambivalente : repliée, oui, mais tournée vers la droite, vers une zone plus claire, comme si l’élan restait possible. Cette tension entre immobilité et désir de mouvement, entre nuit et lumière, constitue la charpente émotionnelle de l’image.

Des entraves incandescentes

Autour du corps, des filaments rouges et orange – semblables à des câbles, des veines ou des fils barbelés de lumière – s’enroulent, cinglent, retiennent. Ce sont les obstacles visibles et invisibles : peurs, traumatismes, limites sociales ou mentales. Pourtant, cette matière qui lie est aussi lumière : c’est là toute l’ambiguïté du propos. Ce qui empêche est aussi ce qui révèle, ce qui brûle est aussi ce qui éclaire.

Peinture numérique et matérialité paradoxale

Françoise Dugourd-Caput bien que peintre, maîtrise parfaitement son médium digital. Les textures, les volutes colorées, les effets de transparence et de superposition rivalisent avec des techniques picturales traditionnelles. On oublie vite l’écran et le code pour se laisser absorber par un monde organique et vibrant.
L’impression sur aluminium Dibond renforce cette perception : les reflets du métal réagissent à la lumière ambiante, prolongeant les effets lumineux internes de l’œuvre dans l’espace réel. Encadrée dans une caisse américaine noire, la pièce semble flotter, comme suspendue dans un entre-deux mondes.

Une œuvre unique, un moment d’existence figé

Cette œuvre n’existe qu’en un seul exemplaire, et c’est fondamental. Entrave est un fragment de conscience capturé. Chaque filament de lumière, chaque ombre, chaque pli du fond mouvant semble appartenir à un instant précis d’un combat intime.