Étreinte – Françoise Dugourd-Caput

Critique de l’œuvre Étreinte de Françoise Dugourd-Caput

Une émotion suspendue dans la matière
Avec Étreinte, Françoise Dugourd-Caput donne corps à un instant d’intimité brute, dense, silencieuse. Un couple s’enlace dans un geste lourd de sens — celui des retrouvailles, après une séparation. Le spectateur n’assiste pas à une scène, il la partage, happé par la tension contenue dans les gestes, la lumière et la matière.

Le langage du corps
La composition se concentre sur les épaules, les bras et les mains. Les visages sont masqués, absorbés dans la proximité du geste, et c’est précisément ce qui donne à l’image sa force universelle : cette étreinte pourrait être celle de n’importe qui. L’attention portée à la courbe du bras, à la paume posée, à la pression discrète des doigts, dit tout d’un lien affectif puissant, sans que les mots ne soient nécessaires.

Une peinture de la densité
Réalisée à l’huile sur toile, au couteau, l’œuvre se distingue par son traitement expressif de la matière. La surface picturale est vivante, rugueuse, modelée par des couches successives de couleurs sombres, éclairées par des rehauts presque incandescents. Les rouges profonds, les bleus assourdis et les blancs luminescents sculptent les volumes avec justesse, tout en conservant une part de mystère.

Lumière et silence
La lumière, rare et dirigée, semble filtrer comme une vérité intime qui éclaire l’instant. L’arrière-plan est flou, volontairement abstrait, absorbé dans une verticalité rouge et noire, presque théâtrale, qui accentue l’intensité du moment. On ressent autant qu’on voit.€