Equilibriste – Françoise Dugourd-Caput

Critique du tableau Équilibriste – Françoise Dugourd-Caput

Avec Équilibriste, Françoise Dugourd-Caput poursuit son dialogue sensible avec les éléments et nous offre une œuvre majestueuse et fragile, suspendue entre deux mondes. Verticale et élancée, la composition impressionne par son audace spatiale : un arbre solitaire s’élève sur un promontoire improbable, flottant au-dessus d’un abîme aux flots tourmentés. Le motif central – ce tronc dressé comme un défi à la gravité – devient métaphore de l’être debout, de la résistance poétique face au vertige.

La matière picturale, travaillée au couteau avec vigueur et sensualité, fait vibrer la surface de la toile. Les textures épaisses et les transparences superposées traduisent l’instabilité du sol, l’écume d’une cascade, la profondeur d’un gouffre, ou encore la densité végétale. La palette, dominée par des bleus aquatiques et des verts mousseux, est ponctuée de bruns terreux et de taches florales rouges, apportant des points d’ancrage sensoriels dans cette scène onirique.

Le regard est happé vers le centre, là où le fil ténu de l’équilibre s’étire entre le tronc et le vide. Il y a quelque chose de chorégraphique dans cette composition : un souffle suspendu, une tension maîtrisée, comme si l’arbre lui-même dansait au bord du précipice. Le paysage paraît à la fois réel et irréel, comme issu d’un rêve lucide ou d’un monde intérieur en pleine efflorescence.

À travers cette peinture, l’artiste joue avec l’illusion de stabilité. L’équilibre n’est pas ici un état, mais un mouvement permanent, une négociation constante entre ancrage et envol. C’est cette oscillation qui donne à l’œuvre sa profondeur émotionnelle et sa portée symbolique : elle parle de la condition humaine, de nos propres fragilités suspendues dans l’immensité du monde.