Chimérique – Françoise Dugourd-Caput

Critique de l’œuvre Chimérique de Françoise Dugourd-Caput

L’instinct du surgissement, entre imaginaire et nature sauvage
Dans Chimérique, Françoise Dugourd-Caput nous confronte à l’apparition fulgurante d’un être étrange, mi-créature, mi-impulsion, émergeant d’un chaos de couleurs et de matières. Cette forme animale, à peine identifiable, semble jaillir d’un monde en fusion pour plonger dans une cascade bouillonnante, entre tension vitale et vertige. L’artiste livre ici une peinture d’élan, de métamorphose et de mystère.

Une matière vivante et expressive
L’œuvre est réalisée à l’huile, exclusivement au couteau, conférant à la surface une richesse tactile et une densité physique remarquable. Les strates de peinture se superposent dans une gestuelle affirmée, creusant la toile comme une roche en formation. Chaque zone de couleur présente un paysage intérieur où se mêlent forces telluriques et éclats émotionnels.

Jeu de formes et de rythmes
La composition est dominée par une diagonale ascendante, incarnée par la silhouette dynamique de l’animal chimérique. Ce mouvement donne une puissance cinétique à l’ensemble : on sent la bête en pleine tension, prête à franchir une limite, à se fondre dans l’eau. Les lignes sont tendues, sinueuses, incisives. L’abstraction rencontre ici une forme de figuration primitive, presque instinctive.

Palette flamboyante et contrastes
La couleur joue un rôle central dans l’impact visuel de Chimérique. Les bleus froids se heurtent aux orangés incandescents du corps de l’animal, tandis que des violets, jaunes et verts saturés déploient des zones de contraste qui accentuent la sensation de chaos maîtrisé. Cette palette violente et harmonieuse à la fois renforce l’ambivalence de la scène : entre beauté sauvage et inquiétude.