Babylonia – Françoise Dugourd-Caput

Critique d’art : Babylonia de Françoise Dugourd-Caput

Dans Babylonia, Françoise Dugourd-Caput nous offre une vision poétique et subtilement futuriste d’une cité imaginaire. Réalisée à l’huile sur toile de lin avec une maîtrise remarquable du couteau, cette œuvre incarne le style unique de l’artiste, mêlant abstraction, inspiration réaliste et une recherche constante de perfection.

Un voyage entre abstraction et pseudo-réalisme :
Classée dans la peinture abstraite, Babylonia illustre parfaitement cette représentation imaginaire de la réalité que Dugourd-Caput sait sublimer. Les formes géométriques évoquent des architectures modernes ou des ruines anciennes, tandis que la palette douce de roses, mauves et verts crée une atmosphère lumineuse et apaisante. La composition semble issue d’un rêve où la nature coexiste harmonieusement avec des structures urbaines. Les cubes, les sphères et les lignes éclatantes qui traversent la toile rappellent une cité suspendue, où l’équilibre entre la vie et l’artifice est parfaitement atteint.

Une ode à la richesse de la nature :
Au cœur de cette cité, de petites touches de vert apparaissent, symbolisant une végétation tenace qui s’immisce entre les structures géométriques. Fidèle à son désir d’exprimer la richesse de la nature, Dugourd-Caput intègre ici un dialogue subtil entre l’urbain et le vivant. Ces touches végétales, presque effacées par les teintes lumineuses environnantes, rappellent la résilience de la vie dans des environnements artificiels. Ce contraste entre les formes rigides des constructions et l’organicité des plantes confère à la toile une dimension profondément humaine et universelle.

Une technique maîtrisée au couteau :
La texture de Babylonia révèle le talent de l’artiste pour manier le couteau avec fluidité et précision. Chaque coup de lame est visible, donnant à la toile une richesse tactile qui invite le spectateur à s’immerger dans le relief de l’œuvre. Les couches de peinture superposées et les rayures délicates qui parcourent la surface apportent une profondeur supplémentaire à cette composition, suggérant des strates temporelles ou des dimensions parallèles.

Un style en constante évolution :
Babylonia illustre également la démarche artistique évolutive de Françoise Dugourd-Caput. Ayant exploré l’aquarelle, le pastel et l’acrylique avant de choisir la peinture à l’huile, elle montre ici une maturité et une maîtrise exceptionnelle de son médium. Son style, bien qu’enraciné dans l’abstraction, laisse entrevoir des inspirations réalistes et fantastiques, témoignant d’une recherche expressive permanente et d’une quête de perfection.

Une œuvre entre rêve et réflexion :
Babylonia n’est pas seulement une représentation d’une cité imaginaire, mais aussi une invitation à réfléchir à l’équilibre fragile entre nature et civilisation, rêve et réalité. L’œuvre transporte le spectateur dans un espace intemporel, où la beauté des formes abstraites et la richesse des couleurs permettent à chacun de projeter ses propres idées et émotions.